la Symbolique d'un nouveau départ...
Attention, cet article s'adresse particulièrement aux femmes.
Se raser la tête, mais quelle idée !? D’aussi loin que je me souvienne, depuis toute petite, j’ai toujours porté une grande importance à mes cheveux. Je suis une fille, une fille a les cheveux longs, point. Je les brossais longuement devant le miroir, je m’amusais à me faire des coiffures, des plus simples aux plus extravagantes.
J’aimais particulièrement passer ma main dedans, jouer avec des mèches, les mettre en valeur pour me rendre plus belle. Lorsque je devais aller chez le coiffeur, le mot d’ordre était clair, ne pas couper plus de 2 centimètres de longueur ! La longueur c’était l’objectif, plus c’était long plus j’étais belle, alors j’enviais mes copines indiennes avec leurs couettes qui descendaient jusqu’aux fesses, en espérant un jour atteindre cette gloire.
En grandissant, je passais toujours autant de temps dans la salle de bain à me faire la coiffure parfaite pour aller à l’école. Je faisais comme les autres mais m’attendais à ce que l’on me trouve unique. En regardant des photos de mon adolescence, j’ai pu clairement remarquer que je me cherchais simplement en observant ce que je faisais de mes cheveux. Coupe au carré, lissé, bouclé, mèches tricolores, balayage, dégradé… jusqu’à ce que je revienne au “naturel” avec des cheveux abîmés, fourchus, ternes mais longs et volumineux ! Alors tout allait bien, j’achetais juste des shampoings et autres produits à cheveux tous plus chers les uns que les autres parce qu’ils me promettaient brillance et beauté.
Du rêve au cauchemar
Un beau jour de mes 25 ans j’appris que j’étais enceinte, bébé pas planifié mais pour autant mon cœur était rempli de joie. Mon copain et moi n’étions pas ensemble depuis longtemps mais tout allait pour le mieux. Nous étions amis, complices, les engueulades étaient rares, il faisait le ménage et à manger, il ne m’a pas fallu longue réflexion avant de me décider à fonder une famille en acceptant ce que la vie me réservait. C’était avant de me rendre compte que cet homme, avec qui je venais d’emménager à 6 mois de grossesse, était non seulement marié mais en plus m’avait menti et me trompait régulièrement depuis le début. La photo imaginaire de mon avenir joyeux s’effondra en quelques secondes et c’est à cet instant que mon enfer commença. Je devais être forte pour mon enfant à venir, saine d’esprit pour continuer de fonctionner, du moins en surface. Mais j’étais incapable de me regarder dans le miroir sans me mettre à pleurer. Le reflet que j’y voyais n’était qu’un échec pitoyable habillé par la haine et maquillé par la laideur de la trahison.
Un acte guidé par la foi
C’est la foi qui m’a sauvé. J’ai ramassé mon cœur piétiné et j’ai décidé que mon histoire ne pouvait pas être si pathétique. L’idée de me raser la tête m’est venue pas longtemps après mon accouchement. Un accouchement physiologique qui dura pas moins de 16 heures et au terme duquel je mis au monde un adorable petit garçon grâce à qui ma vie reprenait tout son sens. Certes j’étais une femme trompée qui avait été diminuée et dont l’estime de soi avait été réduite en cendres, mais j’étais aussi une guerrière qui venait de donner la vie, en acceptant chaque douleur à chaque nouvelle contraction. En mettant au monde cet être humain je me suis sentie renaître, comme l’oiseau qui brise sa coquille, je voyais enfin la vie avec ses vraies couleurs. Et, quand je fus rentrée chez moi avec ce bébé parfait, lorsque je regardais à nouveau dans le miroir, je voyais une autre femme, une femme magnifique dans chacun de ses traits de visage, qui n’avait aucunement besoin de cheveux pour être belle, séduisante ou sensuelle. Comme si tout le poids de mes désillusions s’était caché dans mes cheveux et m’alourdissait considérablement. Le message était clair : RASE TOI LA TÊTE.
Le temps de la reflexion
Mais comme notre ami le mental veut toujours mettre son grain de sel partout, l’action n’a pas été si rapide, et je ne pu m’empêcher d’y amener la réflexion, comme si c’était irrationnel, déraisonné, insensé. J’écoutais les conseils de mon amie coiffeuse, et commençais par me couper les cheveux courts, au carré, en me disant que ce qu’il me fallait c’était simplement changer de tête, et qu’une petite coupe suffirait. Mais ma coupe au carré ne réussit pas à faire taire ce besoin quasi viscéral de me débarrasser de cette chevelure qui m’envahissait. Alors, après en avoir parlé à mon maître de yoga, j’ai pris la ferme intention de me raser la tête, car si ce ressenti était si intense, ce n’était plus une simple envie mais bien un besoin vital. Celui de quitter mon ancienne peau pour habiller pleinement ma nouvelle peau. Et c’est exactement la sensation que je ressentis le jour où je laissais tomber derrière moi tout ces cheveux qui ne me représentaient plus, qui appartenaient au passé, à cette fille qui pensait devoir avoir une belle et longue tignasse pour ressembler à une vraie femme, celle qui pensait que ma beauté et mon pouvoir de séduction venait en grande partie de ce qui était sur ma tête.
Mourir pour renaître
Je ne pouvais plus me cacher derrière mes cheveux les jours où mon visage laissait apparaître de la fatigue et de la colère, je n’avais plus des heures à passer devant la glace en cherchant comment me mettre en valeur grâce à une brosse et un peigne. Toute ma valeur était inscrite dans mon regard, et la vision qui l’habitait était limpide: inspirer toutes ses femmes qui comme moi, avait été victime de leur propre erreur, celle de ne pas avoir écouté son intuition, son instinct. Prouver que la puissance d’une femme est sans pareille, celle de la création, de l’amour inconditionnel.
Le rituel du Sphinx
Vous aurez remarqué que pour moi la symbolique est importante, alors, en me rasant la tête, j’ai conservé une mèche de cheveux. J’en ai brûlé une partie que j’ai regardé se consumer avec poésie et satisfaction et j’ai enterré l’autre partie en faisant une petite prière et en répétant mentalement une résolution, pour que cet acte très symbolique à mes yeux porte ses fruits au niveau de mon subconscient et change à tout jamais cette fausse croyance que « j’ai ce que je mérite » et que « ma valeur était la somme de mes erreurs».
L'intention derrière l'acte
L’histoire ne s’arrête pas là… J’ai ensuite gardé cette coupe de cheveux pendant environ 3 ans. 3 années pour apprendre à me reconstruire, à m’aimer telle que j’étais et à transcender mes peurs les plus angoissantes. Je me rasais les cheveux seule, tous les mois, en étant satisfaite de ce que je voyais dans le miroir et, une fois terminé, je me sentais légère et forte.
Puis après une de ces journées de coupe, je me suis demandée pourquoi est-ce que je continuais à me raser la tête ? Finalement c’était devenu un acte répétitif qui n’avait plus rien de symbolique et je compris à ce moment qu’il était temps que j’accepte que mes cheveux repoussent.
Il était temps que j’avance.
Comme si pendant tout ce temps j’étais restée accrochée à cette version de moi même qui devait se protéger d’éventuelles blessures pour se reconstruire. Après 3 ans, j’étais suffisamment forte et confiante pour accueillir la vie et me permettre de continuer mon chemin. Alors c’est encore dans la symbolique que je coupais une dernière fois mes cheveux un beau jour d’été, en décidant fermement que je me permettais enfin d’émerger de cette longue période d’introspection. En acceptant que toute cette période de repousse serait longue et incertaine, mais passagère et salvatrice, car je pourrais maintenant être témoin de cette évolution en me regardant dans le miroir chaque matin, avec cette fois un œil amoureux, bienveillant, curieux et surtout déterminé à aller au bout de mes rêves.
Écouter son âme
Pendant cette période de tête rasée, j’ai eu toutes sortes de commentaires. Ceux qui trouvaient que cela m’allait super bien, d’autres qui étaient choqués, ne comprenaient pas pourquoi j’avais bien pu faire ça et aussi beaucoup qui m’ont demandé si c’était un défi pour soutenir les personnes atteintes de cancer. .
Mais j’ai surtout eu beaucoup de confidences de femmes qui partageaient avec moi le fait que, elles aussi, à un moment de leur vie, avaient eu cette envie soudaine de se couper les cheveux. Mais qu’elles ne l’avaient jamais fait, souvent pas crainte de l’apparence qui aurait pu en ressortir.
Alors à toutes ces femmes, je dis : Faites-le ! Répondez à ce besoin vital de l’âme, répondez à cet appel intuitif qui ne peut venir que du cœur, qui ne peut être que bénéfique. Cette nécessité changera votre vie ou du moins, votre façon de vous voir dans cette vie. Reprenez votre pouvoir et osez écouter cette petite voix intérieure qui vous guide vers votre SOI profond.
Se raser la tête est une étape symbolique dans la vie, un passage temporaire qui vous amènera à des prises de conscience inestimables tant elles seront précieuses pour votre évolution. Avec ou sans cheveux vous êtes des femmes, vous êtes puissantes, vous êtes belles, et une fois fait, vous ne laisserez plus jamais personne en douter mais surtout, vous même n’en douterez plus jamais.
1 réflexion sur “Se raser la tête, symbole d’une évolution consciente”
Bonjour Aurore, tout d abord chapeau pour votre lettre car, ce n est pas spontané que de coucher sur une page , sa vie et ses déboires
Merci pour ce partage vivifiant et continuez sur cette bonne lancée dans votre vie. Mes sincères félicitations pour votre courage !
Rachel, crâne rasé aussi.